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#Souvenonsnous : 30 ans plus tard

  • Photo du rédacteur: Eva Luna
    Eva Luna
  • 7 déc. 2019
  • 3 min de lecture


PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Ma mère avait 19 ans le 6 décembre 1989. Elle m’a dit qu’elle se souvient plus ou moins du pendant. Elle était étudiante à Sherbrooke à cette époque-là, et la nouvelle lui a faite peur, comme n’importe qu’elle autre nouvelle de la sorte. Elle m’a dit s’être souvenu de s’être demandé si on « devenait comme les États-Unis » et avoir une pensée pour les familles des victimes, bouleversée. Aux nouvelles, les premières informations ne laissaient pas savoir que les victimes étaient seulement des femmes et qu’en plus, elles étaient toutes des étudiantes dans des programmes d’études traditionnellement masculin. Ces femmes, peu importe si elles se considéraient féministes ou non, posait un acte féministe en allant à l’encontre des trajets ordinaires attendu de la part des femmes.


C’est le après qui a le plus frappé ma mère. Les nouvelles informations qui sortaient, les différents reportages. Et c’est là qu’elle a réellement compris et eu cette première réalisation : cette tragédie était un attentat anti-féministe.


30 ans plus tard, on commence enfin à nommer cette tragédie comme elle ce doit, comme elle a été réellement.


PHOTO : TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI

« Je me souviens m’être dit, la peur au ventre : ‘’Ok... je vais me baisser les épaules un peu et faire attention à ce que je dis, ce que je fais, parce que des hommes se sentent attaqués.’’ »

Deuxième réalisation : rien n’est acquit.

Rien n'est jamais acquit.


Le drame de la polytechnique est survenu quand je n'étais pas encore né. 10 ans avant ma propre naissance pour être précise. Pourtant, j'en ressens la douleur comme si je connaissais personnellement les victimes. Comment ne pas se sentir ainsi? Cet événement est trop grand dans sa douleur pour mes mots. Je n'ai pas l'impression de pouvoir témoigner de la grandeur de la blessure qu'elle a laissé. C'est trop vrai. Trop profond. Et j'ai peur. J'ai peur à tous les jours. Ce qui s'est passé n'est pas un cas isolé. On le retrouve ailleurs. À plus petite ou égale échelle.


On retrouve la tragédie quand on entend qu'entre 1997 et 2015, il y a eu 605 cas de femmes assassinées. Quand on entend que des femmes autochtones continue de disparaître et de se faire retrouvée mortes. Quand on lis « Éric Lapointe se désiste de La Voix pour des raisons personnelles. » à la place de le reconnaître d'emblée comme un batteur de femmes, et qu'en plus, des milliers de commentaires sous les articles expriment leur soutient envers le chanteur. Quand j'apprends que 12 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex l'an dernier. Quand je me fais dire en 2019 que le féminisme n'a pas lieu d'être, que « l'égalité est atteinte », tout en me faisant dire que les femmes ne devraient pas faire ceci ou cela. Quand j'entend tous les commentaires inutiles et rétrogrades sur la tenue de Catherine Dorion qui fait plus jaser que ses propos. And the list goes on and on.


Et puis, y'a ce après teinté d'un petit espoir, quand même, malgré tout. Parce qu'on est debout pareil. Parce que nos jambes tremblent comme des feuilles, mais qu'on avance toujours, encore et encore. Pour elles. Pour nous. Pour les prochaines elles.


Jamais rien ne pourra changer le passé. C'est pour ça qu'il faut continuer à se battre. Pour leur faire honneur.


Pour que leur mort, bien qu’injustifiable, nous permette de protéger les prochaines générations de femmes fortes, comme toi et moi, qui se permettent de vivre en faisant du bruit.






Souvenons-nous.


Geneviève Bergeron (née en 1968, 21 ans)

étudiante en génie civil

Hélène Colgan (née en 1966, 23 ans)

étudiante en génie mécanique

Nathalie Croteau (née en 1966, 23 ans)

étudiante en génie mécanique

Barbara Daigneault (née en 1967, 22 ans)

étudiante en génie mécanique

Anne-Marie Edward (née en 1968, 21 ans)

étudiante en génie chimique

Maud Haviernick (née en 1960, 29 ans)

étudiante en génie des matériaux

Barbara Klucznik-Widajewicz (née en 1958, 31 ans)

étudiante infirmière

Maryse Laganière (née en 1964, 25 ans)

employée au département des finances

Maryse Leclair (née en 1966, 23 ans)

étudiante en génie des matériaux

Anne-Marie Lemay (née en 1967, 22 ans)

étudiante en génie mécanique

Sonia Pelletier (née en 1961, 28 ans)

étudiante en génie mécanique

Michèle Richard (née en 1968, 21 ans)

étudiante en génie des matériaux

Annie St-Arneault (née en 1966, 23 ans)

étudiante en génie mécanique

Annie Turcotte (née en 1969, 20 ans)

étudiante en génie des matériaux





 
 
 

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