Pourquoi je ne serai jamais une féministe parfaite... et pourquoi je ne me sens plus coupable
- Eva Luna
- 11 avr. 2019
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 mai 2019
J'ai toujours voulu m'assurer que j'étais une « bonne féministe ». Une « vraie. » Le problème, c'était pas que je reconsidérais mes idées de départ régulièrement. Le problème, c'est que d'aussi loin que je me souvienne, je m'en suis très et trop souvent voulu de ne pas réussir quelque chose du premier coup. Et la même chose se produisait à vouloir être sans cesse la « parfaite féministe » : Je me tapais sur la tête à l'infini si je me trompais. Comme si je devais tout savoir tout de suite. Comme si je n'avais pas droit à l'erreur. Comme si c'était pas normal d'en apprendre à tous les jours. Comme si je devais déjà avoir tout acquis les connaissances pour être une alliée exemplaire dans toutes les sphères du féminisme, et surtout comme si mon féminisme n'allait pas continuellement évoluer de toute façon. Je ne suis pas la même personne que j'étais à 15 ans maintenant que j'en ai 23, et ma perception de ce qu'est le féminisme a tout autant changée - et heureusement.
Mais encore aujourd'hui il m'arrive d'en apprendre davantage. Souvent, même. De me rendre compte par exemple, après différentes discussions avec les gens concernés, que certains comportements, qu'ils soient inconscients ou non et sans malice, peuvent être problématiques. Et que même si l'intention se veut bonne, l'impact peut tout de même être néfaste. C'est pratiquement impossible d'être conscient.e de tout tout le temps. Surtout lorsque tu ne vis pas toi-même une certaine oppression. Mais c'est tellement, mais tellement important d'être à l'écoute, et surtout, de faire preuve d’humilité.
Avoir l'humilité nécessaire pour prendre du recul, examiner ses comportements. Se sensibiliser à des réalités différentes de la tienne. Comprendre et assumer son rôle dans les luttes. Savoir passer le micro pour laisser parler les personnes concerné.e.s lorsqu'il est question d'une de ces réalités qui n'est pas tienne. Comprendre aussi que ce n'est définitivement pas tous les sujets qui méritent ton « opinion » ou même un débat. Surtout si tu n'en est pas affecté, et principalement si la légitimité de l'existence d'autrui est en jeu.
Aujourd'hui, j'ai beaucoup plus de facilité à prendre ce recul nécessaire lorsque je suis confrontée à de nouveaux concepts que je ne connaissais pas, ou à de nouvelles couches qui s'ajoutent à une problématique que j'ai eu le culot (lol) de croire maîtriser. On apprend à tous les jours. Comme l'actrice et présentatrice de télévision Jameela Jamil a dit : « I'm a feminist-in-progress ».
Alors non. Je ne me taperai plus doigts parce que je suis imparfaite. Mais je ne cesserai jamais de m'informer, d'écouter et d'apprendre. Je crois que c'est ça le plus important, et le mieux qu'on peut tous.te.s faire en tant qu'humain.e.s pour favoriser le vivre-ensemble, mais aussi parce qu'on se le doit tous.te.s.
Ève xxx
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