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Mauvais timing et transphobie décomplexée

  • Photo du rédacteur: Eva Luna
    Eva Luna
  • 14 mai 2019
  • 4 min de lecture

Hier matin, Radio-Canada Info a partagé un article sur le désir de différents individus à l'adolescence de transitionner. Ils ont commencé le processus, mais ont finalement changé d’idée et sont retournés en arrière. Ils s'appellent eux-mêmes les « détransitionneurs ».


Avant toutes choses, je tiens à préciser qu'il s'agit d'un sujet qui mérite qu'on s'y attarde – ces personnes ont souffert et/ou souffrent encore et on le droit d'être entendu. Cela étant dit, le partage de cet article par Radio-Canada ce lundi matin, seulement quelques jours avant le 17 mai (la journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie), contribue malheureusement au partage de messages haineux et d'idées préconçues, par des gens transphobes. Je précise aussi que des situations comme celles expliquées dans l’article  ne représentent pas plus de 2 à 5% des personnes transgenres. Et on a qu'à lire les commentaires sous la publication de Radio-canada Info (actually, please don't. Never read the comments.) pour se rendre compte que le premier réflexe de la plupart des internautes n'est pas d'apporter du soutien aux gens concernés dans l'article partagé, mais bien d'invalider l'existence-même des personnes réellement transgenres qui vivent de la discrimination à tous les jours. Oui oui, même au Québec. La transphobie ne connait malheureusement pas de limite territoriale.

Illustration par @fatvegfemme sur Instagram

À ces gens qui écrivent des commentaires transphobes complètement vides de sens et qui manquent cruellement de sensibilité, je vous demande : À quel point faut-il être déconnecté pour nier toute la science qui soutient que la binarité des genres et des sexes, soit la classification des individus en deux genres (homme ou femme), basé sur les organes génitaux (pénis ou vagin), et que ces deux formes distinctes et opposées, ne SONT PAS une vérité scientifique absolue.


Wake up.


Les personnes trangenres ont toujours existées, et un regret ou un « retour en arrière », comme c’est le cas dans l'article partagé, n'a strictement aucun lien avec la validité de l'existence de la transidentité.


Je crois que les commentaires haineux étaient et seront toujours difficilement filtrables. Cependant, ne pas publier cet article cette semaine aurait été la moindre des choses, en plus d'insérer un petit disclaimer au début de l'article pour préciser que ce dernier ne remet pas en doute la validité de l'existence des personnes transgenres. Ce n'est pas une question de « tout le monde s'offusque pour rien aujourd'hui ». C'est une question de manque de jugement de la part de Radio-Canada Info qui sait pertinemment que la transphobie existe encore réellement au Québec et ailleurs dans le monde, pour avoir déjà publié différents articles sur le sujet dans le passé. Il s'agit également d'une question de manque d'éducation, ou plutôt d'une désensibilisation de la population face à un problème grandissant. 61% de la population croient que le pays devrait mettre en place une loi pour la protection des personnes trans contre la discrimination mais 57% de la population croient qu’une telle loi est déjà en place (source statistiques), et ces derniers ont souvent l'impression que la loi leur permette de ne plus se soucier de cette transphobie puisqu'elle « n'existerait plus » grâce à cette loi. Il s'agit ici d'une opinion et non d'un fait, malheureusement. Non seulement, il n'y a pas de loi appliquée pour la protection des personnes transgenres, mais en plus, une telle loi ne changerait pas nécessairement le contexte social ni les idées préconçues de la population générale.

Illustration par @akissonpark sur Instagram

Encore aujourd'hui, 78% des personnes trans rapportent avoir été victimes de harcèlement verbal et 48% ont même été victime d’assaut (armé ou sexuel). Ces crimes sont commis par des personnes transphobes et ne sont pas des « hasards ». De plus, 70% ont déjà pensé au suicide et environs 33% y ont déjà eu recours. C'est énorme. Et ça devrait sonner une cloche. Le taux de suicide est 20 fois moins élevé une fois que les personnes trans « traités » pour leur trouble de l’identité que chez les « non-traités », dont 24% utilisent des hormones du marché noir. (source statistiques).


Une grande majorité des commentaires sous le partage de l’article sur la page Facebook de Radio-Canada Info sont extrêmement violents et déshumanisants, en plus d’être évidement transphobes, mais aussi psychophobes. Les personnes transgenres ne sont pas des bêtes de foire. Elles ne sont pas anormales ou « folles ». Ne pas s’identifier au genre qu‘on t’a attribué  à la naissance n’est pas une maladie mentale ou un trend. Pourquoi est-ce personne s’exposerait à autant de haine pour un simple trend...? Ça ne fait pas de sens. Et de penser sincèrement que ce n’est qu’une histoire de mode, malgré tous les témoignages et les statistiques alarmantes sur le taux de suicide des personnes transgenres, « parce que notre génération est une génération de fuckés », c’est vraiment être de mauvaise foi.


Essayons, en tant que société, to do better.


Les personnes transgenres sont valides et magnifiques, elles méritent le respect comme n'importe qui. Elles méritent de se sentir en sécurité en tout temps et elles méritent notre appui constant, ainsi que notre écoute.


L'ennemi de tous, c'est la transphobie.

Pas les personnes transgenres.

Soyons plus à l'écoute et faisons preuve d'humilité.


None of us is free until all of us are free.


Ève xx




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